samedi 18 avril 2009

VILLAGE EPHEMERE

En Avril, ne découvre pas d'un fil... Il fait pourtant beau et chaud en ce debut de mois au nord est de la France. Le soleil darde sur un de ces villages autogérés où s'organisent la contestation des opposants aux contres sommets. Traditions et folklores, déjà, lors de ces luttes programmées où le système nous convoquent, gardant l'initiative du lieux et de l'heure du rendez vous. La Zone Rouge est loin, elle le restera. Au delà de la pluralité des types d'actions, des sabotages, des happenings, des manifestations sauvages, tolérées ou autorisées avec leurs cortèges colorées ou sobres, leurs blocs divers, leurs batteries clownesques l'action directe se joue dans un lieux de vie éphémère.


Strasbourg connait déjà ces lieux, un camp No Border c'est installé ici il y a quelques temps. Encore une fois, on se tourne vers les anarchistes pour agencer tout cela. A nous transformer constamment en hotelier de la lutte sociale, nous nous prendrions a croire que nos projets et nos pratiques ne sont pas si fumeuses pour construire un autre futur. L'initiative s'annonce ardue. La mise a sac du milieu squatt a mis dans l'ombre une partie de notre savoir faire. Les clivages stériles entre organisations n'arrangent rien. L'ouverture du camp ne repose que sur le dynamisme de quelques personnes. Mais il s'ouvre!


Bien sur, cela ne ressemble pas a Annemasse et ces barrios assembléistes, bien sûr la présence si proche des lignes de polices n'assure pas la serenité du lieux. Nous devons remercier l'accueil de la ferme éducative voisine. Nous devons remercier le materiel, le savoir faire et l'organisation de nos camarades allemands. De la cuisine aux chiottes seches, notre confort n'aurait pas été le même. Nous pourions pointer du doigt bien des manques sur ce village. Pour autant, le moment est fort.

Par delà les langues, par delà les pratiques, par delà les postions le Vivre Ensemble se cultive. D'assemblées en concerts, de débats en confidences, de fêtes en engueulades la parole se libère autant que l'action. Dans notre quotidien, nous créons de nouveaux liens. Comme n'importe où ailleurs devant le bac de vaisselle ou le bloc sanitaire. Sauf que ici, nous mangeons ensemble, nous agissons ensemble, nous rêvons ensembles.


Nous retrouvons nos camarades, en découvrons de nouveaux. En peu de jours, les affinités se nouent, les rencontres se facilitent, les alliances se concluent. Les positions changent aussi, chez ceux qui nous découvrent et decouvrent par le « faire » nos aspirations. L'images de l'Anarchiste, celle du punk a chien, du néo hippie ou du vieux bibliophile s'étiole pour faire place a ce que nous sommes, un maelstrom d'uniques multiples, une puissance collective déterminée, autonome et fédérée. Un nouveau possible ouvert, pas plus facile que notre norme sociale, juste plus simple, plus égalitaire et plus libre. Comme a chaque fois, beaucoup de ces individus rencontrés nous quitterons avec la certitude que l'Anarchie est autre chose qu'un chaos ou un doux rêve.


Parce que nous ne rencontrons pas que des camarades, notre présence doit être collective, cohérante, forte. Ces quelques jours Starsbourgeois nous rappellent que cette action directe, ce Vivre Ensemble que nous voulons est accessible, qu'elle est la meilleure propagande qui soit. Ils nous rappellent aussi que nous ne sommes pas tout a fait prêt, nos anticipations, nos solidarités, nos pratiques doivent s'ettayer, s'éxercer. Dans nos propres lieux vies, nos rencontres, nos squatts, nos éco-lieux, nos villages et nos quartiers. A nous de développer nos savoirs faire et de créer, ici et ailleurs, ces lieux dont nous avons tous besoins.

SOMMET ANTI OTAN

Strasbourg, une ville frontière, une capitale européenne. Ce qui devrait être l'exemple de « la libre circulation des biens et des personnes » se transforme pour quelques jours en ville-franche et forteresse. 25000 policiers et militaires, restauration de la ligne Maginot, levée des accords de Schengen. De façon décomplexée on interdit à une cuisine ambulante de passer une frontière avec ses couteaux pour parer à tout risque terroriste.
Même devant un tel arsenal, nombreux sont toutefois prêt a lutter et se défendre devant l'arbitraire policier. Connaissance des droits des manifestants, foulards et chapeaux, citron et sérum physiologique contre les gaz, numéros des légal et médical team tatoués sur le bras, les outils de protections se propagent... L'un des rares, le cortège libertaire reste solidaire jusqu'au bout.
Ceci n'empeche pas la pression caractérisée des Etas, le cantonnement des Zones Rouge, Orange et Bleu deplacées arbitrairement, la mise sous tutelle de la population durant une semaine, la rafle dès le jeudi de plus de 300 manifestants. Tout cela devrait faire de chacun de nous des moutons.
Pour autant, les déterminations restent inchangées, les positions se radicalisent. Certaines organisations, comme le NPA, clament encore la paix et le partenariat social., la révolution par les urnes, tout en organisant leur service d'ordre pour diviser les manifestants et abandonner des camarades (les leurs notamment) entre les CRS. On voit alors apparaître un Besancenot à la chemise blanche, bien propre sur lui apres deux heures de courses et d'émotions. Même les pacifistes aux drapeaux arc en ciel s'énerverons devant une telle collaboration.
Il paraitrait que « le sabotage n'est pas un outil révolutionnaire ». Les activistes non-violents, pourtant, de blocages en happenings, mettent au goût du jour cette tradition, ne craignant plus de s'exposer physiquement à la violence gendarmesque, convaincu pour certains que la resistance a ce système exige autre chose que les défilés de pantoufles et qu'elle doit être portée jusqu'à la rupture sociale.
Quelles que soient les pratiques engagées, la volonté de vivre autrement ce fait jour. A nous anarcho-syndicalistes de péréniser cette révolte et cet espoir, de sortir des limites des rencontres imposées par le système lors de ces contres sommets. Ne leur laissons plus l'initiative de l'heure et du lieux de nos rebellions. Les solidarités et les liens créés dans les villages éphémères doivent perdurer et soutenir les compagnes et compagnons arrétés, inculpés et jugés.

Vous pouvez exprimer vos solidarités en exigent la levée des poursuites et la libération des détenus en écrivant ou appelant le tribunal de Strasbourg:

Quai Finkmatt - BP 1030 - 67 070 Strasbourg Cedex
Fax: +33 ou 0 3.88.75.27.27
Tel: +33 ou 0 3.88.75.29.30

Vous pouvez également vous rapprocher du Comité anti répression de cette ville.
www. antirepression.org ou 06.37.98.30.87

UL CNT-AIT Rouen

mardi 20 janvier 2009

MANIF le 31 Janvier

Il reste un embastillé parmis les 9 inculpés du 11 Novembre. L'accusation fallatieuse "d'entreprise terroriste" pourtant dégonflée médiatiquement reste le mot d'ordre de la Justice et du Gouvernement, dans cette affaire comme dans d'autres. Comme un avertissement pour nos luttes, nos modes de vies, nos espoirs, le Pouvoir joue l'irrationnel et la suffisance. Il hausse le ton en ces temps de "crises" pour nous rappeler que l'isolement et le silence des prisons, des hopitaux psychiatriques, des foyers, de tous ces lieux d'enfermement concentrationnaires que nous subissons ne sont plus une menace mais doivent devenir la norme de notre quotidien a tous. Il nous rappel que ne pas ce plier à cette norme est forcement une sédition et que la crise des banquiers impose l'Ordre et la Soumission.

Pour la libération et la levée des inculpations de toutes les victimes de "l'anti-terrorisme"
Pour l'abrogation des lois d'exeptions

Manifestation Nationale le 31 Janvier à Paris 
Fontaine  Saint Michel 15 Heures

CNT AIT Rouen 

lundi 19 janvier 2009

Concert de Soutien

Organisé par le Comité de soutien des inculpé(e)s du 11 Novembre de Rouen dans le cadre de l'Oreille qui traine:

23 janvier à 20H30 à la MJC Rive Gauche, place des faïenciers, quartier Saint Sever

Porc Bleu : free punck
Buxkxnone : punck hard-core
Ravi : punck rock
Jabul Orba : tzigano ska punck

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mercredi 17 décembre 2008

CRÉATION DU LIEU LE PLUS DANGEREUX DE FRANCE

Dans le cadre du cycle les urbanismes combattants et en soutien aux incarcérés du 11 novembre

CRÉATION DU LIEU LE PLUS DANGEREUX DE FRANCE
OU « AUTOPORTRAIT COLLECTIF EN ULTRAGAUCHANARCHOÔTONOME »
technique mixte / cadavre exquis.

JEUDI 18 DÉCEMBRE 2008, 19H00. 18 RUE SAINTE-CROIX DES PELLETIERS À ROUEN


AIDEZ-NOUS. APPORTEZ
un livre, un outil, des horaires, un équipement de sport et une mauvaise intention.


Le surréalisme c'est
« la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie » et voilà que l'état, penché sur la table de dissection médiatique, devient soudain poète. Par la collection d'objets, ici appelés « pièces à conviction », leur rapprochement, une histoire, un sujet, un groupe, un ennemi se créent. Ainsi, désormais nous le savons, pour qu'il y ait menace ou terroriste, il faut : un livre (ici, l'insurrection qui vient), un outil (ici, une pince monseigneur), un document renseignant sur le fonctionnement d'un réseau (ici, des horaires sncf), un équipement permettant de modifier son rapport à l'espace physique (ici, un matériel d'escalade).

Ces objets sont des noeuds, les pointes d'un tableau de fil tendu dessinant le portrait chinois d'individus en terroristes. L'important devient alors de tendre le fil, de raconter, entre les clous, un scénario plausible de menace nationale dans lequel chacun de ces objets aurait sa place : en somme, une mauvaise intention. Alors, l'arsenal légal de la lutte anti terroriste peut s'appliquer. Il est aujourd'hui convenu de dire au sujet du traitement des incarcérés du 11 novembre : « demain ce pourrait être nous », juste mais pas tout à fait, insuffisant en tout cas. À l'heure ou la gestion complète d'un territoire semble devenir celle d'un immense aéroport (papiers, caméras de surveillance, borne biométrique, et maintenant liste d'objets interdits à bord). Jeudi 18 décembre c'est déjà nous !
Réalisation d'un poème surréaliste de combat :

Venez déposer sur le tapis roulant symbolique de notre territoire :

- un livre (dont vous aurez au préalable relevé quelques passages susceptible de porter atteinte aux pouvoirs),
- un outil,
- des horaires ou tout document renseignant sur le fonctionnement d'un réseau (sncf, routier, informatique...),
- un équipement de sport ou autre permettant de modifier votre rapport à l'espace physique ou d'atteindre un endroit normalement inaccessible,
- et une mauvaise intention reliant le tout en scénario.

(ces objets doivent être en vente libre et autorisés sur la voie publique)

L'ensemble des objets apportés seront scannés et viendront nourrir une bibliothèque numérique de combat ainsi qu'un film. Vous pourrez, si vous le désirez, récupérer vos objets dès la fin de la soirée. D'autres documents et vidéos seront aussi visibles à cette occasion (vidéo « quel est votre ennemi », smala bibliothèque de combat ...)

Exposition/intervention accessible dès l'age de 12 ans.



Vous pouvez imprimer et diffuser ce texte, en téléchargement ici :
http://www.echelleinconnue.net/invitation_18_decembre_2008.pdf

mercredi 19 novembre 2008

Nous sommes tous des terroristes

Depuis le 11 Novembre, notre ministre de l'intérieur et l'autorité judiciaire entretiennent savamment la fièvre médiatique autour du nouvel ennemi intérieur. Après l'immigration des travailleurs clandestins sapant l'économie, les réseaux de barbus infiltrés prés a répandre le sang, la racaille des cités populaires incendiant nos villes, les casseurs violents contre le CPE, le danger s'appelle « mouvance anarcho-autonome ». Sans preuves et sans procès, les coupables sont là. L'Etat, la justice et la presse piétinent allégrement la présomption d'innocence, heureux que la jeune Direction Centrale du Renseignement Intérieure leur offre si tôt de si beaux bouc-émissaires. La France peut avoir peur. Redite des Irlandais de Vincennes? Nous laissons aux prévenus et leurs avocats prouver leur innocence. 

La France a peur, oui. 9 jeunes gens subissent des lois d'exceptions, sont accusés de terrorisme. Parce qu'ils lisent. Parce qu'ils écrivent. Parce qu'ils communisent leurs revenus et leurs biens. Parce qu'ils cultivent un potager bio. Parce qu'ils préfèrent faire eux mêmes ce dont ils ont besoin. Parce qu'ils refusent l'individualisme sclérosant et déprimant en vivant en communauté. Parce qu'ils manifestent. Le GIGN saute sur un bateau parce que des grévistes utilisent leur outil de travail, des faucheurs d'OGM sont emprisonnés, des manifestants aussi pour avoir transportés des fumigènes et des clous tordus crevant des pneus. La France peut avoir peur, celle des révoltés et insoumis, celle aussi des blogueurs et forumeurs, des bibliophiles et des tricoteurs, des colocataires et pire, celle des bricoleurs et jardiniers. Nous sommes tous des terroristes. 

Des gamins tous les jours arrêtent les trains en tirant sur les sonnettes d'alarme. Saboteurs! Terroristes? Nous ne savons pas, nous anarcho-syndicalistes, ce qu'est une « mouvance anarcho-autonome », terme facile et flou inventé par les policiers. Nous savons ce qu'est l'anarchisme ouvrier, nous savons ce qu'est l'autonomie prolétarienne. Nous nous souvenons qu'un secrétaire général de la CGT, un fondateur, a théorisé le sabotage comme outil de lutte lorsque la grève et la manifestation ne sont plus possibles. Il fait partit de l'héritage du mouvement ouvrier, comme nos mutuelles et nos syndicats. Ce n'est pas du terrorisme. C'est de la résistance. Nous sommes loin de la lutte armée. Quel que soit l'auteur de ces sabotages, quel que soit ses motifs, une loi d'exception est absurde. Nous voyons a quel point notre société policière peut facilement, avec ses fichages, ses dérogations, sa puissance reprendre notre maigre liberté et notre faible égalité et détruire nos espaces de lutte. Comment il peut nous entôler si nous sortons de la norme et cherchons d'autres possibles. 


Contre la repression du mouvement social 
Rassemblement devant le Palais de Justice Samedi 22 Novembre 14H 

DELIT DE LIRE

Désormais nous n'utilisons plus de fers à béton. Trop risqué. 

Nous sortions à peine des funérailles d'une date, 1968. Funérailles aux allures de veillée funèbre anglo-saxonne, blagues de potaches autour du cadavre pourri, pour ceux qui y avaient participé ou, funérailles en forme d'ultime balle dans la nuque pour se débarrasser définitivement de son souvenir pour les autres. On peut alors s'étonner de l'étrange duo auquel s'adonnent ceux, aujourd'hui au gouvernement, qui voulaient en finir avec 68 et ceux travaillant pour certains médias nés de cette date. Duo chanté, messe de résurrection du « groupuscule d'extrême gauche ». 
Fabrication de coupables ? Non, d'ennemi. Ennemi politique nécessaire pour ceux qui pensent que la politique consiste à le désigner. Ennemi pratique. Important, mais juste une centaine. Anarchistes, mais de bonne famille. En réseaux internationaux, mais non organisés.  
Que dire ? Des faits, rien. On se demande même s'il en fut. Un seul pourtant, l'arrestation de dix personnes dont nous partageons les idées, la colère, un certain goût pour le des-ordre et (c'est peut-être le plus risqué aujourd'hui) les lectures. 

Ceux qui croyaient que le traitement médiatique de cette affaire allait leur en apprendre un peu plus sur cet espace particulier de l'alternative culturelle et politique, en sont pour leurs frais. C'est en revanche sur les (dys)fonctionnements et comportements politiques, médiatiques et policiers qu'ils en apprendront ; sur la dramaturgie mille fois répétée. Ici, le média n'est plus le conteur, l'historien, le metteur en scène. Il est, semble-t-il, la voix off d'une pièce écrite ailleurs à laquelle, de bon gré, il collabore. Le policier, lui, est à la fois acteur et souffleur. Viennent ensuite les personnages tiers, le spécialiste de la résolution des problèmes, l'analyste, hier spécialiste de l'extrême droite, aujourd'hui de L'UTRAGAUCHE. Rien de réel en somme, sourires télévisés de ministres et de dirigeants de la SNCF quand on engeôle, puis, des mots de journalistes, tous confondus, en forme de scoop péjoratif, groupuscule, etc.. Puis silence confus, sans revenir sur leur mot, un peu de doutes pourtant. Grâce aux médias on apprendra aussi que ne pas avoir de téléphone portable ou de connection Internet signifie entrer en clandestinité. Bref, que se soustraire à des possibilités de contrôles illégaux c'est ENTRER EN CLANDESTINITE. Voilà les conséquences directes du passage de main des RG à la DST. Et les syndicats qui s'enorgueillissent aujourd'hui de ne pas être responsables des « sabotages » le comprendront bientôt à leurs dépens. 

Nous ne sommes pas ici pour disculper les interpellés du 11 novembre, ils s'en chargeront, leurs avocats aussi, mais pour instruire à charge. Non pas un corps : journaliste, flic, politique,mais instruire à charge ce qui les dépasse et les nourrit, « il sistema » disent les Napolitains en parlant de la mafia. « Il sistema » donc; une fable à laquelle adhérer pour qu'elle vous nourrisse. Une histoire qui veut diriger nos vies. 

Le hululement médiatique avait précédé de quelques jours la pleine lune. Le disque parfait finalement arrivé, le cri semble s'apaiser. Cependant, la meute en mal d'infos vendables était passée par les différents stades du dégonflement. À défaut de preuve, ne lui restait plus qu'à instruire à charge les malsaines lectures et écritures des interpellés. Ainsi, la lecture de certains livres semble être devenue un délit. 

Et c'est comme un mauvais rêve de mauvais cinémas.  
Les personnages se réveillent. Ouvrent le journal, dans lequel ils voient peu à peu s'esquisser un portrait robot.  
Ce portrait, c'est eux, c'est nous.  
Nouvel ennemi.  
Sa simple désignation, création ou interprétation sous le crayon policier suffit alors à légitimer la sphère politique traditionnelle dans son ensemble, son exercice de surveillance, de conditionnement, sa petite et mesquine guerre sociale organisée. 

C'est un mauvais rêve. 

Et voilà que nous nous réveillons avec un joli nom tout neuf (quoique) ULTRAGAUCHEANARCHOAUTONOME. Pour notre part, nous n'aimions déjà pas ARTIVISTES. 
Mais attention, pour participer à la fiction il y a des critères, des épreuves éliminatoires. La télé réalité politique fait son casting. 
De 25 ans à 35 ans. 
Possédant un, deux, ou pire, tous les livres de Guy Debord, Blanqui, Gramsci, Gatti peut-être... 
Ayant participé à un ou plusieurs G8 sans pour autant faire partie de la L.C.R. ou d'A.T.T.A.C. 
Étant ou tentant de devenir anarchiste. 
Croyant que la politique s'élabore et se pense mieux dans l'action que dans les réunions. 
N'appartenant à aucune organisation politique ou syndicale. 
Ne se regroupant pour travailler, réfléchir, agir ou même parfois manger que par affinités. 
Tentant de mettre en accord sa vie et ses idées. Pire, de faire en sorte que chacune se nourrisse de l'autre. 
Refusant la sectorisation sociologique et psychologique pour eux/nous-même, pour les autres. 
Et le voilà, le bel et nouvel ennemi. 
Eux/Nous. 

Et si ça ne suffit pas, pour vous en convaincre, quelques images de manifestants à capuche lançant des cailloux. (1) 
Et si ça ne suffit toujours pas, alors on rejoue. 
On fait de la reconstitution pour le photographe, le cameraman, 
11 novembre 
Pendant que là, un poilu, dodu et bien lavé, est en train de se faire panser le bobo par une infirmière avec, en voix off, l'absolution présidentielle des mutins fusillés en 14/18. 
Ici, c'est l'arrestation d'Action Directe que l'on rejoue. 
Il y a du flic à cagoule, de la voiture banalisée aussi. 
Il y a même le gentil voisin qui doit dire qu'il ne s'en doutait pas (mais là, le personnage de théâtre fera de la résistance et ne jouera finalement pas le rôle imposé) 
Ça ne suffit pas encore ? 
Il faut l'image de la ferme ! Celle de Rouillan ou celle de la Creuse d'ailleurs ? 
Plan large, au lointain. 
On ne peut pas s'approcher, la maison mord sans doute. 
On apprendra jusqu'à son prix d'achat 200 000 €, en même temps que l'extraction sociale d'un des membres, pardon, du chef : « bonne famille et pourtant anarchiste ». la trahison de classe ça ne se pardonne pas ! 
Ah d'ici qu'elle est belle, imprenable, la planque des dangereux ! 
Et des planques, il en faut, des maquis, des replis où penser, où agir. 
Pour nous ce fut l'art contemporain où, c'est bien connu, on vous laisse faire le sauvage. Seul espace, où, nous le confessons, à couvert, nous avons pu traiter et agir sur la ville AVEC ceux qui en étaient exclus. Mettre en place une parole, une pratique qui nous auraient valu une excommunication de la Maison de l'Architecture ou du Ministère de la Ville. Ici, à Tarnac c'est une maison, une épicerie et, sans y être jamais allés, nous supposons une bonne bibliothèque. 

Devons-nous parler ici des génies du lieu, de la verticalité historique de certains points géographiques qui semblent pourtant dans une étrange poétique territoriale en dire assez long sur notre réel :  
Reims, Vichy, Tarnac.  
Pour ces deux dernières villes, une époque d'horreur. Pour l'une l'horreur d'un gouvernement fasciste, pour l'autre l'horreur de la prison ou du camp qu'attendent le maquisard réfugié ici, le général Guingouin ou Gatti (rangés tous deux au rang d'anecdotes viriles par un journaliste de Libération). Et là, aujourd'hui, encore « guerre du rail ? », sabotage, terrorisme ? Bien que notre culture judiciaire soit quelque peu défaillante, nous le confessons, nous ne pouvons nous empêcher de nous étonner de la juxtaposition et, dans la bouche du pouvoir, de la synonymie de ces deux mots : sabotage / terrorisme. Quand, dans l'histoire de ce pays, ces deux mots furent-ils pour la dernière fois juxtaposés ? Quand, pour la dernière fois, ont ils conduit derrière les barreaux ? 
Sabotage / Terrorisme. Sabotage = Terrorisme 
Mauvais souvenirs, ceux d'une époque qu'évoque immanquablement pour nous le nom de ces deux villes Tarnac/Vichy...
Les temps brunissent. 

On aurait tort de ne voir dans cette affaire qu'un problème de politique intérieure, un problème franco-français. Tort aussi de jouer le même jeu que celui des pouvoirs, la diabolisation. Diabolisation d'un parti, de son leader devenu président. Le problème est tout autre, plus grave, généralisé. Ce problème est un problème politique essentiel, européen pour le moins, occidental certainement. L'après-guerre a vu le marxisme devenir la colonne vertébrale de la pensée politique. On était pour. On était contre. On voulait réformer ce modèle. mais toujours on tournait autour. Et voilà que la guerre, qui, bien que froide, en était tout de même une, est perdue par le camp marxiste. Depuis, et cela ne date ni des dernières élections présidentielles ni de celles qui ont vu le Front national au deuxième tour, la colonne vertébrale de la politique est devenue, nous le craignons, le fascisme. On est pour. On est contre. On veut le réformer, l'intégrer, le dissoudre dans des programmes en agitant l'épouvantail, la menace ultime.  
Non, ni des dernières élections ni de celles d'avant, ni...  
Souvenez-vous d'une étrange Europe : Aznar en Espagne, Berlusconi en Italie, Chirac en France, un fasciste en Autriche et l'extrême droite montante en Allemagne, en Belgique...  
Problème européen ? C'est certain. Occidental ? Sans doute. 
Cette affaire n'est en effet pas sans rappeler une autre, ailleurs, aux États Unis. Mêmes jeux de lois d'exceptions, promulguées pour faire face à la menace terroriste, mêmes aberrations, même manque de preuves, même refus des autorités politiques et judiciaires de faire marche arrière : l'affaire Steve Kurtz. (2) 

Steve Kurtz est membre fondateur du groupe « Critical Art Ensemble ». Une nuit, sa femme décède d'une crise cardiaque. Il appelle les services sanitaires concernés et, comme le Patriot Act à l'instar de notre LSQ, prône la fusion des services, ce sont aussi les pompiers et les forces de police que Kurtz voit débarquer dans son logement. Le décès de sa compagne est constaté : crise cardiaque. Cependant, les policiers zélés (ou désoeuvrés) jettent un oeil curieux à la bibliothèque du couple et y découvrent d'étranges ouvrages, philosophie, politique, anarchie, science, certains parlent d'ADN. Une autre pièce ? Ils continuent, visitent : l'atelier. Dans cet atelier le matériel que Steve utilise pour son futur projet. Ustensiles rudimentaires permettant d'extraire l'ADN des produits de consommation courante. Ce sont alors des silhouettes de séries télévisées qui débarquent à son domicile. La rue est bloquée, des hommes en combinaisons blanches encagoulés eux aussi (notez la simplicité du code couleurs : capuches blanches pour les gentils, capuches noires pour les méchants) arrivent chez lui. Son matériel est saisi, ses livres sont saisis, son chat est saisi, le corps de sa femme est saisi. Patriot Act oblige. Il est en possession de matériels interdits, livres, éprouvettes, etc. Aussitôt incarcéré, il est accusé de conspiration terroriste. Ses avocats travaillent, il semble disculpé. mais, miracle des lois d'exception, on remonte à ce qu'il a pu écrire, à ses projets antérieurs. On l'accusera finalement de fraude postale puisqu'il envoyait des échantillons à son collaborateur vivant dans une autre ville des États-Unis. 

N'en déplaise à nos compatriotes, participants à la course de côte vers le pouvoir, qui auront tôt fait de tirer leurs marrons du feu, d'utiliser les interpellations du 11 novembre à des fins électorales, « ce [problème] n'est pas limité au territoire malheureux de notre pays. Ce [problème] est un [problème] mondial... »  

On nous accuse d'entretenir des réseaux, des contacts avec d'autres groupes dans d'autres pays, politiques, activistes, artistes etc. quand un réseau bien plus important, mieux organisé, structuré, plus puissant réuni 20 de ses membres dans une ville américaine sous son plus joli logo : G. 20. 

C'est un espace compliqué que le nôtre, qui par nature tente de surpasser tout commentaire. C'est un travail sérieux que de tenter d'expliquer des parcours individuels qui tentent d'INCARNER des polyphonies d'alternatives culturelles et politiques. Des individus qui tentent dans un univers qui ne s'y prête pas, quand il ne l'empêche pas, d'accorder leur vie et leur pensée. Va pour ULTRAGAUCHEANARCHOAUTONOME si c'est pour expliquer que c'est le seul espace respirable, celui de la complexité politique, de l'expérimentation et de la créativité. Expériences multiples, types d'actions multiples, tentatives de tentatives, joyeuses souvent, pour voir changer le monde. Ici, une revue ; là, des participations alternatives aux manifestations ; ailleurs encore un travail de dénonciation ; plus loin, un autre d'intervention urbaine ; un groupe de rock ; une épicerie... 
Saboteurs ?  
Saboteurs nous le sommes, saboteurs symboliques d'abord. 
Saboteurs des pensées de reconduction du même culturel ou politique. 

Expliquer ça ? Impossible, nous, le savions pour les pouvoirs (et nous ne parlons pas uniquement ici du parti au gouvernement mais de l'ensemble d'une classe politique cachant son indigence derrière le masque du réalisme statistique) ; impossible pour les grilles fermées des médias aussi, de leur nombre de signes, de leur comité de rédaction, de leur temps d'antenne et de leur pages de publicité à vendre. Impossible ! Il leur faut des repères... le plus simple ? Le chef. Il faut un chef, quitte à le fabriquer. A-t-on déjà vu des personnes vivant ou travaillant ensemble sans chef ? (Notons ici que le chef désigné est celui qui écrit, théorise. Pour une fois, contre toute attente, il semble que l'on reconnaisse à la culture et à l'intelligence un certain pouvoir. Imaginez un peu si celui qui nous gouvernait était toujours le plus intelligent ou cultivé...) Expliquer ça ? Impossible surtout quand le travail journalistique devient celui de perroquet policier. « l'ultragauche déraille » titre Libé. « Le titre est bon et apparemment justifié puisque l'accusation publique a été portée par la police, par le Ministère de l'Intérieur avec des éléments, notamment le matériel saisi à Tarnac » indique le rédacteur en chef (3) avant de montrer du bout du doigt les précautions qui avaient été prises, puis la silhouette dans l'oeil rond de sa fenêtre présidentielle semble elle même pirouetter : « c'est peut-être l'ultra gauche mais si c'est un autre groupe, l'histoire qu'on raconte ne tient plus debout ». Voilà ! « L'histoire qu'on raconte » le grand récit, le même toujours . Avant d'ouvrir sur « l'opération politique », « sans doute » qui viserai muettement à créer l'amalgame entre Besancenot et la violence politique. Même là ! Il faut des repères, assurer dès maintenant le service après vente de l'affaire au cas où par malchance elle s'effondrerait. On notera aussi ici la perduration de l'historique lâcheté de groupes politiques comme la L. C. R ou le P. C. F. Leur condamnation aveugle et mal renseignée de toute action sortant de la tradition du tract, de la manifestation, ou de l'urne. On sera aussi assourdi par le traditionnel silence des milieux culturels et artistiques pourtant si prompts à nous demander de venir faire les gentils sauvages dans leurs églises. 

Saboteurs ! Saboteurs ! Sapeurs peut-être. Voilà pourquoi jusqu'à nouvel ordre et pour que l'amalgame soit clair nous porterons en logo « l'objet/preuve » de la haute technicité de la dangereuse ULTRAGAUCHEANARCHOAUTONOME, soit, un crochet en fer à béton soudé. 

Incarcérez ! Incarcérez ! Et vos prisons deviendront bientôt nos plus belles universités ! 

Pour les interpellés du 11 novembre, nous ne souhaitons rien d'autre que ce que nous souhaitons à tous : liberté et leur adressons un salut fraternel avec une pensée particulière pour l'un d'entre eux. 


Echelle inconnue 

vendredi 14 novembre 2008

Affaire sncf ou l'emballage médiatique

Le 11 Novembre au matin, une dizaine de personnes sont appréhendées au sujet des incidents survenus récemment sur les lignes SNCF et placées en garde à vue dans le cadre de la lutte anti-terroriste. Les accusations de notre ministre de l'intérieur déclenchent aussitôt une fièvre spectaculaire médiatique où l'on peut lire et entendre tout et son contraire au hasard des éditions. Seul la culpabilité d'une « mouvance anarcho-autonome » fait l'unanimité. Encore une fois, les médiats se font l'écho du gouvernement, rejetant la présomption d'innocence alors que les personnes arrêtées sont encore en garde a vue.


A ce jour, aucune preuve matérielle ne vient étayer l'hypothèse policière, alors que les suspects étaient surveillés et filés depuis des mois jusqu'au soir même. Mais il faut des coupables et vite! Ces dix personnes peuvent voir leur garde à vue prolongée jusqu'à 96 heures, 4 jours, dans les conditions dont l'on se doute sous le feu roulant et continu des interrogatoires, nourris de quelques sandwichs, dormant peu, ne pouvant se laver. Le Gouvernement est dans son rôle, pointant ceux qui, par leurs écrits, leurs façons de vivre, offre un autre possible que la société marchande. Il a besoin d'un ennemi pour vivre. L'injustice, l'isolement et la peur sont ses outils pour s'en fabriquer. La Direction Centrale du Renseignement Intérieur, créée cet été, doit prouver sa pertinence et son budget en faisant du rentable et du chiffre. Il faut des boucs émissaires.


Les unes de nos journaux vont de supputations en procès d'intention avec l'assurance de la vérité, jouant une pièce pour la millième fois. Les irlandais de Vincennes ne sont pas loin pourtant... Le quatrième pouvoir ne lâche pas la bride. 10 jeunes gens désignés comme terroristes, subissent des lois d'exceptions sans une preuve, avant même une inculpation, parce que quelques trains ce sont arrêtés, comme cela arrive tout les jours avec des gamins tirant sur les sonnettes d'alarmes... Hier le GIGN sautait sur un bateau parce que des grévistes utilisaient leur outil de travail, des juges même étaient bousculés en défendant le leur... Aujourd'hui des manifestants croupissent en préventive pour avoir transportés des fumigènes et des clous tordus pour crever des pneus, des Maires même, des élus, des magistrats sont menacés s'ils n'appliquent pas le service minimum lors des grèves...


Nous ne savons pas, nous anarcho-syndicalistes, ce qu'est une « mouvance anarcho-autonome », terme facile et flou inventé par les policiers. Nous savons ce qu'est l'anarchisme ouvrier, nous savons ce qu'est l'autonomie prolétarienne. Nous nous souvenons qu'un secrétaire général de la CGT, un fondateur, a théorisé le sabotage comme outil de lutte lorsque la grève et la manifestation ne sont plus possibles. Il fait partit de l'héritage du mouvement ouvrier, comme nos mutuelles et nos syndicats. Ce sont des anarchistes qui les ont créés, afin d'être autonome devant les corporations et les dames patronnesses. Un saboteur est il un terroriste? Un train sans électricité vaut il un détournement d'avion, voir les guillotines de Robespierre? Il est vrai que les résistants de la SNCF étaient appelés terroristes. La terminologie est réservé au pouvoir. Quel que soit l'auteur de ces sabotages, quel que soit ses motifs, une loi d'exception est absurde. Nous voyons a quel point notre société policière peut facilement, avec ses fichages, ses dérogations, sa puissance reprendre notre maigre liberté et notre faible égalité.



Libération immédiate des personnes arrêtées

Abolition des lois sécuritaires LSI, LSQ et Perben




Où l'on fiche un peu plus

Arrêté le 28 janvier alors qu’il rentrait chez lui après un concert, plaqué au sol et étranglé, traîné au commissariat avec une seule de ses chaussures, A. passe 15 heures en garde-à-vue après une arrestation « musclée ». On lui reproche des dégradations commises dans le secteur de son arrestation. Indices ? Des policiers en civil auraient entendu un bruit un peu avant son arrivée. Précisons que l’arrestation se produit sur un boulevard, en face d’une
sortie de boîte de nuit…
Inconnu des services d’identité judiciaire et niant tout acte délictuel, son seul tort étant d’être passé par là après une soirée dans un bar, il refuse le fichage à l’Hôtel de Police. Il sera donc jugé à la mi-décembre non seulement pour les dégradations qu’on veut lui reprocher, mais également pour refus de signalétique et de prélèvement
ADN ! Bel exemple de la présomption d’innocence. Pas de preuves, du chiffre!

Temoingnage d'un prisonnier de Rouen

Dans la nuit du 10 au 11 septembre 2008, à la Maison d’Arrêt de Rouen, s’est produit un drame comme il s’en produit si souvent en détention : un détenu suicidaire a pété les plombs et tué Idir, son codétenu. Cette fois-ci ça a fait un peu de bruit, mais les autorités vont tout faire pour étouffer l’affaire avec des fausses réponses, avant que le rideau opaque ne retombe sur la prison. On nous parlera de la détention des "fous", et de la nécessité de les isoler ; alors que celui qui ne rentre pas en taule déjà fou, doit lutter pour ne pas le devenir. On nous parlera du besoin de rondes plus fréquentes, mais sans à peine remettre en cause les conditions de détention. Encore moins la détention elle-même. Quand les gestionnaires de ces lieux de mort s’inquiètent d’éventuels suicides, c’est uniquement qu’ils ont peur du scandale. Leur seule solution sera d’augmenter les doses de cachetons. Au mitard ils sauvent le détenu suicidaire en le foutant à poil pour qu’il ne trouve le moyen de se pendre. L’administration gère le flux des prisonniers, et les case où elle veut en jouant éventuellement les agences matrimoniales selon ses critères. A la privation de liberté vient s’ajouter la promiscuité forcée avec d’autres détenus avec qui tu dois t’entendre. Dans un environnement plein de frustrations, une embrouille part vite. A trois dans une cellule de moins de 10 m², pas moyen de s’esquiver : ça finit donc parfois violemment. Idir avait demandé à changer de cellule. Mais en prison, comme souvent ailleurs, tu n’obtiens que ce que tu arrives à arracher. Et exiger une cellule seul peut te conduire au mitard. Tu n’es rien de plus qu’un numéro aux mains d’une administration toute puissante et ses matons-soldats dociles. Et ils auront beau te dire poliment bonjour, ils sont là pour t’écraser. Quand on te traite en chien, tu peux finir par le devenir... chien soumis ou chien enragé. Quand éclate la folie, la rage, le désespoir, la rancune, c’est dommage que ce ne soit pas toujours à la gueule de nos véritables ennemis. A bas l’enfermement ! Vive la révolte ! 

Relaxe pour Alexandre

Le 10 Octobre, la relaxe prononcée en première instance a été confirmée par la Cour d'Appel de Rouen.
Bientôt un compte-rendu et un communiqué.

Merci à tous ceux qui soutiennent le refus de fichage ici et ailleurs, d'une façon ou d'une autre.

SOLIDARITE AVEC LES CAMARADES INCARCERES



Mardi 2 septembre, plusieurs actions de solidarité avec les prisonniers ont été faites devant les prisons. A 9h, des prisonniers et prisonnières de Rouen ont pu voir une banderole « FEU AUX PRISONS » flotter dans les airs et, voir et entendre peu après des pétards et des feux d’artifice. A 21h30, c’est au tour des prisonniers de Villepinte de voir un feu d’artifice. 

Le lendemain, on pouvait voir une banderole « LIBERTE POUR LES PRISONNIERS » près de la prison de Villepinte et sur l’autoroute A1 en direction du centre de rétention du Mesnil Amelot : « AU MESNIL AMELOT COMME AILLEURS, A BAS LES PRISONS ». 

Ces actions de solidarité avec les prisonniers s’inscrivent dans le cadre de l’appel à actions faisant suite au rassemblement devant la prison de Fresnes le 2 juillet. 

Entre autres, c’est parce qu’il y avait à cette manifestation une banderole « COMME A VINCENNES, FEU AUX PRISONS » que 4 camarades passaient en procès le 3 septembre (reporté au 14 octobre à 13h30 à la 11e chambre du Tribunal de Créteil). 

Bien que le pouvoir cherche à isoler et réprimer les révoltés, de nombreux actes de rébellion persistent dehors comme dedans : que ce soit des blocages comme à la Maison d’arrêt pour femmes de Rouen en juillet (voir « solidarité avec les prisonnières en lutte de Rouen »sur indymedia Nantes), des mutineries comme à la Maison d’arrêt de Bois d’Arcy en août, des incendies des centres de rétention de Vincennes en juin, de Nantes en juillet, du Mesnil Amelot en août, et en Belgique. Ces actions sont une manière de réaffirmer que les prisons ne se réforment pas, ne se ferment pas : elles se détruisent. Se solidariser avec les mutins, c’est aussi une façon de nous lier aux luttes à l’intérieur des prisons contre la bonne marche du système carcéral, et surtout exprimer notre rage contre ce monde d’exploitation, de contrôle et d’enfermement. 

Ces actions de solidarité ont eu lieu devant les prisons de Rouen et de Villepinte, pour, par delà les murs, saluer les prisonniers et nos camarades Isa, Juan, et Damien qui y sont enfermés. Ils sont en détention préventive, accusés d’avoir tenté de brûler une voiture de flics pendant la période électorale de mai 2007. Tous trois sont sous instruction anti-terroriste. (voir http://infokiosques.net/mauvaises_intentions.). 

LETTRE DE JUAN DEPUIS LA PRISON DE ROUEN

Durant la période électorale qui a vu l'arrivée de Sarkozy à la présidence, l'ambiance est à la colère et à la révolte. De manifs sauvages à des bris de vitrines de permanences d'élus, de nombreux actes marquent cette période. Début mai, il y a eu aussi une tentative d'incendie d'une voiture de flics (dépanneuse) devant un commissariat de Paris. 
C'est pour cette tentative qu'Isa, Juan et Damien sont en détention préventive, au motif que leurs ADN, pris à leur insu ou de force, auraient été retrouvés sur l'engin incendiaire. 
Tous les trois sont sous le coup d'une instruction antiterroriste. 

J'écris depuis la prison de Rouen, qui s'est une nouvelle fois illustrée le 10 septembre par la mort d'un détenu, victime de la folie... de l'Administration Pénitentiaire. 

Ca fait maintenant quatre mois que je suis en détention provisoire pour terrorisme. 
Terrorisme ! Quel outil formidable pour l'Etat ! Le terrorisme vient aujourd'hui justifier des mesures de contrôle et de fichage de plus en plus poussées au nom de notre sécurité. On ne s'étonne même plus de croiser dans les gares des militaires, mitraillettes à la main. Démocratie ou pas, la peur reste le meilleur moyen pour soumettre et gouverner. 

Dans l'imaginaire collectif, le terroriste, avec le pédophile, est devenu une des figures même du mal. D'un côté il a le visage de monsieur tout le monde, ce qui en fait une menace permanente et insidieuse qui ne peut se combattre que par un contôle généralisé de plus en plus strict. Et de l'autre, il a le visage repoussant d'un monstre sanguinaire, fasciné par la violence et n'ayant plus rien d'humain ni de commun avec nous pour éviter qu'on le comprenne et que de tels actes se propagent. Apposer l'étiquette de terroriste sur quelqu'un, c'est donc le condamner au bannissement. Qui soutiendrait des barbares pareils ? 

C'est une habile manoeuvre politique pour isoler et affaiblir. On fait passer des amis, des camarades de lutte pour des illuminés en décrédibilisant les moyens considérés comme violents (sabotage, bris de vitrine, etc) autant que le sens politique de leur action. Diviser pour mieux régner, rien de nouveau. On fait le tri entre la contestation « raisonnable », que l'Etat tolère, voire intègre pour se renforcer ; et celle sauvage et non autorisée, plus difficilement récupérable. On frappe fort sur quelques-uns pour que tout le monde ferme sa gueule et sache à quoi s'en tenir. Evidemment pour être efficace, ça doit servir d'exemple, on ne peut pas faire de tout le monde des terroristes. 

La Mouvance Anarcho-Autonome Francilienne (MAAF), l'organisation terroriste à laquelle nous sommes supposés appartenir, rend bien compte de cette intention. Vous n'avez jamais vu de tract ou d'attentat au nom de la MAAF. Et pour cause : ce sexy sigle est une invention policière, le titre d'une catégorie de classification des RG (Renseignements Généraux). Le mot « mouvance » montre à quel point c'est flou. Il peut suffir d'un contrôle d'identité au cours d'un moment de contestation sauvage, de la fréquentation d'un lieu ou d'une personne, d'une lecture ou d'une opinion subversive. Certains thèmes aussi sont plus sensibles comme les prisons ou les sans-papiers ; RESF par exemple est qualifié de mouvement "quasi-terroriste". 

Cette histoire de tentative d'incendie est loin d'être l'affaire du siècle. Et si le pouvoir, relayé par les médias, l'a gonflée au maximum, ce n'est pas que l'Etat craignait de ne pouvoir se relever de ce coup. Malheureusement, il faudra plus qu'un incendie – même réussi - pour mettre vraiment en danger le système. Si l'Etat est attentif et soucieux de ces "menaces" politiques et que cet affront devait être puni, il en a surtout profité pour faire de cette affaire un exemple, répondre à la contestation sociale, et remettre à jour quelques fichiers de renseignements et bases de données policières. 

Nous nions tous les trois notre implication dans cette tentative d'incendie. Mais en vérité c'est un détail. 

D'abord parce que face à la supposée irréfutabilité de la preuve par l'ADN des scientifiques, il est difficile d'expliquer la présence de poils qu'on a pu éventuellement semer, si tant est que ce soient les nôtres ! 

Ensuite parce que la Justice donne peu d'importance à ce qu'on a à dire. Elle n'a pas besoin de toi pour te juger. Qu'importe ce que tu as réellement fait. Si tu as le profil, et il peut suffir d'une garde-à-vue, de la participation à une manif ou d'opinions affichées, ça suffit à être condamné. Tout le reste est du théâtre. 

En ce sens, la Justice ne s'est sans doute pas trompée. Je crois bien avoir le profil recherché. Non pas celui d'un fanatique qui veut semer la terreur dans la population pour arriver à ses fins – c'est plutôt l'apanage des gouvernements, qu'ils soient despotiques ou démocratiques -, mais plutôt celui d'un révolté parmi les autres. 

Dans ce monde régi par le fric où la plupart des gens crèvent de faim pour soutenir le rythme de vie des riches ; où le seul horizon pour beaucoup est un travail de merde qu'on est réduit à pleurer au moment de perdre ; où l'ennui et la dépression sont la norme ; où ceux qui n'ont pas de papiers doivent raser les murs ; où la nature devient un luxe pour touristes ; où notre pouvoir sur nos vies se limite au choix de la chaîne télé, du bouffon qui nous gouverne, et de la marque de lessive ; où la police te rappelle à chaque instant de fermer ta gueule ; et où la prison t'accueille si tu déroges à la règle. 

Dans ce monde moisi, il serait malvenu de pleurer la carcasse cramoisie d'une voiture de flics. Nous n'avons que trop de raisons de nous révolter. 

Ce n'est pas la répression qui nous les enlèvera. 

En taule comme dans la rue, que la lutte continue avec rage et joie ! 

mardi 29 juillet 2008

Communiqué de RefusADN Rouen

suite au procès en appel du 23 juillet pour refus de prélèvement biologique (en délibéré au 1er octobre)
Le totalitarisme n'est pas une dérive du contrôle social mais bien son essence

Le 1er octobre tombera un nouveau verdict, une nouvelle sanction. Même une relaxe sanctionne. Elle dit « c'est bon, vous êtes libre d'aller, l'État ne vous réclame rien — pour cette fois ». Mais après la relaxe peut venir l'appel du parquet, comme ce fut le cas l'été dernier. Et quand bien même il n'y aurait « qu'un » procès, tout cela c'est du temps et de l'argent, de l'énergie, de la force, que l'État et sa Justice te pompent, exigent que tu leur sacrifies.
Heureusement il y a la lutte, la chance de briser l'isolement, de pouvoir s'organiser pour ne pas rester seul face à la machine judiciaire. De recevoir des pétitions, que de parfaits inconnus, ou des gens que l'on connaît peu, ont fait signer à leurs parents, leurs amis, à un concert, une soirée. D'organiser des débats, des projections, des concerts de solidarité. De rencontrer des collectifs qui luttent et travaillent depuis quelque temps sur ce qui t'arrive, et qui en a frappé d'autres avant toi. Le « refus de prélèvement biologique » s'inscrit dans une lutte plus large contre la biométrie et le contrôle social. Une chance : cette lutte est à l’évidence plus facilement compréhensible que celles contre la prison, les centres de rétentions, contre le salariat, ou l'État. Bien souvent ceux qui luttent contre tout cela se retrouvent plus isolés que jamais. Mais il faut se dire qu'il existe dans ce monde des amis, des camarades de lutte, qui toujours prendront parti à nos côtés. La solidarité, dans cette société policée où tout acte militant, tout acte politique, tend à être criminalisé, est plus que jamais une arme. Heureusement qu'il y a la lutte.
Depuis quelques années, après Octobre et ses émeutes des banlieues, le CPE et son conflit qui se généralisait, les élections et leurs « manifs anti-Sarko », le mouvement contre la LRU et sa solidarité avec les cheminots, le pouvoir cherche à écraser la révolte. Et demain les nouvelles luttes n'échapperont pas au rouleau compresseur de la justice d'État, à la mise à l'amende judiciaire et financière. Tous ceux qui ne veulent pas être mis au travail, à l’heure où il est évident que le monde du travail et la société de la « croissance » courent à notre perte, doivent s'attendre à être la cible du contrôle social. RG, fichage ADN, depuis peu le système EDVIGE, autant de ressources dont dispose la police pour l’exercice de ce contrôle. Pas besoin d'une dictature pour que les citoyens soient fichés, espionnés et suspectés à loisir, les démocraties occidentales font ça très bien.
On peut dire en un sens que les « moyens » de contrôle sont également une fin en soi. La biométrie, par exemple, est un nouvel outil de domination, composé de tout un ensemble de technologies de pointe et de dispositifs individualisants : portiques, bornes, scans, etc., sans compter les téléphones portables, GPS, et autres puces RFID qui permettent un suivi précis de tous nos déplacements, de toutes nos activités. Mais la biométrie, dans le même temps, porte en elle le projet d’une société dans laquelle le vivant sera parfaitement objectivé, mesurable, chosifié : si la vie n'est pas encore tout à fait devenue une marchandise, elle n'en est pas moins d’ores et déjà considérée comme une donnée quantifiable, à laquelle on peut appliquer diverses règles de comparaison. L'identitifiabilité totale, chère au pouvoir, est réalisée par la biométrie en même temps que l'équivalence universelle, nécessaire au marché. Et cela n'a rien d'étonnant, au vu de l'étroite collusion entre les puissances étatiques et les marchés financiers. On imagine assez bien comment des compagnies privées, d’assurances par exemple, peuvent utiliser des fichiers biométriques établis en première instance par la police.

Refuser le fichage, ce n'est pas seulement vouloir éviter la sanction pour une éventuelle infraction. C'est surtout refuser la logique du contrôle, qui veut nous tenir constamment dans son collimateur, en citoyen, soumis et docile. Si le champ de la « criminalité » et de la « délinquance » ne cesse de s'étendre pour recouvrir un spectre de plus en plus large d'activités, il nous faut trouver des moyens, des actes et des énoncés permettant de lutter ensemble contre le contrôle social. Résister à la biométrie, c’est lutter contre le fichage et sa généralisation. C’est, pour cela, réfléchir aux liens qu’entretient le pouvoir avec le contrôle social, public ou privé, et à ceux que nous pouvons créer, pour nous soustraire à l’un comme à l’autre, tant il est clair que notre vie quotidienne leur échappe de moins en moins. C’est résister à l'avancée de la domination dans nos vies, dans nos rues, dans nos têtes. C’est donc penser le politique, non pas sous l’angle de la résignation et de l’attachement aux mesquines « libertés individuelles », mais dans la perspective de réaliser collectivement les conditions de notre liberté effective. Et pour cela, tisser des solidarités. Des caisses de soutien pendant les grèves, anti-répression dans les mouvements, des moments pour se rencontrer, discuter, et découvrir des amitiés qui nous permettent de tenir. De faire face, pour ne pas reculer. Ce n'est qu'ensemble que nous avancerons.
Nous appelons donc tous les collectifs, formels et informels, s'intéressant à la question du contrôle social au sens large, à multiplier les projections, débats, réunions publiques, sur des thèmes comme la biométrie, la vidéosurveillance, les puces RFID (identification par fréquence radio, dont sera équipée INES, la future carte d'identité française), les nanotechnologies et leurs applications. Il est important que de réflexions collectives naissent et s'articulent des idées et des pratiques, qui nous permettent d'en finir avec le mythe de l'insécurité, et de sa prétendue résolution par le pouvoir, à travers une gestion toujours plus intrusive de nos faits et gestes.
refusadnrouen@no-log.org
refusadnrouen.over-blog.fr
quelques brochures et dossiers: http://infokiosques.net/sciences
contactez-nous pour une liste de lecture plus exhaustive.