mercredi 12 décembre 2007

SOLIDARITE!

APPEL A UNE SEMAINE DE BLOCAGE DES FACS POUR L’AMNISTIE GENERALE

Mardi 18 décembre à 13H30, Sébastien Schifres, étudiant à Paris 8, comparaitra devant la 14^e Chambre correctionnelle de Paris. En pleine grève étudiante, Sébastien sera jugé pour sa participation au mouvement anti-CPE. Tout comme d’autres qui sont passés en procès ces derniers jours pour leur participation au mouvement lycéen d’il y a trois ans, ou comme Naïma de Nanterre, elle aussi condamnée pour son engagement sur l’université.

Face à cette nouvelle provocation du pouvoir, un appel est lancé pour bloquer les universités la semaine du 17 au 23 décembre pour l’amnistie générale de tous les réprimés.

Pour Sébastien, qui avait déjà fait trois semaines de prison l’année précédente pour l’affaire du mur de Nanterre, le CPE ça avait commencé très fort. Dès le premier jour, Sébastien était recherché par la police. La police est venue chez lui pour l’arrêter mais elle ne l’a pas trouvé.
Un mois plus tard, Sébastien était arrêté lors de l’évacuation de la Sorbonne et passait une journée en garde à vue. Quelques jours plus tard, il était arrêté devant la Sorbonne, puis libéré quelques heures après. La semaine suivante, il était à nouveau arrêté lors de l’évacuation de l’EHESS : deux jours en garde à vue, puis deux jours enfermés au palais de justice et à la prison de Fleury-Mérogis. Et puis, Sébastien s’est fait viré de la Sorbonne. Il s’est retrouvé non-inscrit
pendant un an avant de se réfugier à Paris 8. Finalement, Sébastien s’en est bien tiré : d’autres, qui n’avaient personne pour les défendre, ont fait un an de prison.

Le 18 décembre, Sébastien passera pour la huitième fois en procès. Mais n’allez pas assister à l’audience : vous serez plus utiles sur les piquets de grève. A cette occasion, ceux qui bloqueront pour l’amnistie pourront fraterniser dans la joie et l’allégresse avec ceux qui bloquent contre la loi Pécresse. Ils sympathiseront aussi sûrement avec ceux qui bloquent pour ne pas aller en cours. Ceux qui bloquent pour le plaisir de bloquer rencontreront ceux qui bloquent pour le droit au blocage, comme ça ceux qui bloquent pour les sans-papiers pourront discuter avec ceux qui bloquent pour les retraites, ceux qui bloquent pour faire chier l’UNEF pourront draguer ceux qui bloquent contre TF1, ceux qui bloquent pour la gratuité des transports pourront boire un coup avec ceux qui bloquent pour le droit au logement, ceux qui bloquent contre le flicage pourront casser la croûte avec ceux qui bloquent contre leurs patrons, et ceux qui bloquent pour faire la révolution pourront bloquer avec ceux qui bloquent pour sauver la planète.

Si votre fac est déjà bloquée, allez bloquer les autres. Si vous habitez en région parisienne et que toutes les facs de Paris et de sa banlieue sont bloquées le 18 décembre, venez à 13H30 à la 14^e Chambre correctionnelle du Palais de justice de Paris, sur l’Ile de la Cité, pour manifester votre solidarité avec Sébastien.

La lutte continue : plus jamais sans blocage !

Appel soutenu par les associations : Association Pour le Droit au Blocage, Collectif « Ma fac m’appartient », Comité « Bloquer c’est mon choix », « Blocage et Démocratie », Union des Etudiants Bloqueurs, Mouvement « Pas d’égalité sans blocage », Collectif pour l’Annulation des examens, Association des Feignants Solidaires, Internationale pour le Diplôme sans examens, Front Révolutionnaire Armé pour le Blocage, Comité de Lutte de Transylvanie, Collectif « Liberté de bloquer », Association des Artistes Bloqueurs, Section Santheodorienne de IXe Internationale, Groupe « Blocage et Boxe Thaï », Collectif « J’emmerde l’UNEF », et Comité pour un Blocage sans OGM.

OU ON VEUT, QUAND ON VEUT

Fin Novembre, sans attendre les arrêts
de jeu des syndicats-flics ou de
l'administration, les bloqueurs de la fac de Rouen
prennent leurs affaires en mains...

A l'automne 2007, il y a eu un mouvement étudiant. Nous avons participé à ce mouvement. Aujourd'hui, nous, occupants de l'amphi Axelrad, squatteurs, yaourteurs, enfants perdus, nous quittons le mouvement, nous le laissons mourrir sans se laisser entraîner dans sa chute. Si nous le quittons, c'est parce qu'il n'a pas su devenir autre chose qu'un mouvement.
Nous avons participé à la lutte. Mais ce n'était pas contre une loi. On ne s'est jamais battus pour notre avenir, on s'est battus pour se venger. On s'est battus pour rencontrer des frères et soeurs et pour détruire ensemble ce qui nous détruit chacun.

Nous avons subi vos AG, nous les avons même organisées:
des AG où 1000 personnes lèvent la main pour voter une action à laquelle seulement 50 personnes particperont, des AG où il suffit d'être prof pour se faire applaudir, où il suffit de dire la vérité pour se faire huer. Mais surtout des AG où l'on s'ennuie, parce qu'à moins d'être passionnément bureaucrate, nous ne voyons pas trop ce qu'on pourrait faire d'autre que s'ennuyer.

Dans la salle, des spectateurs. Et puis sur la tribune, tous les mauvais acteurs de cette misérable comédie: M. Canus, le baryton démagogue, Ludivine la chouineuse troskyste, Maryvonne et Dominique, les justiciers milliardaires, l'UNEF ou la voix de la réaction, les pauvres bourges de Sciences Humaines Inactives, qui n'ont jamais pris une seule initiative, chiens pas méchants mais dociles, au pied de leurs maitres...

Cette lutte de pouvoir pour le pouvoir, par le pouvoir, nous la haïssons. Nous l'avons utilisée comme un prétexte pour arrêter le cours normal des choses, se rencontrer, partager, conspirer...Ça vous ne l'avez pas compris, vous étiez absents dans la situation, dans la vie qui se déroulait ici, parc qu'un monde nous sépare.

A côté de ça il y avait l'occupation. A l'occupation, il y a eu des beuveries, des bagarres, du sang, du sperme, et des larmes.
Tout était gratuit et en abondance. IL y a eu des corps, et qui se sont touchés, heurtés, qui se sont fait du mal et du bien .

Tous ceux qui savaient qu'on avait 20 matelas pour 60 occupants et qui ne sont pas venus nous rejoindre, c'est parce qu'ils étaient dépourvus de toute imagination sexuelle.

Tout n'était pas rose dans l'occupation mais on décidait tout nous mêmes.

Notre mot d'ordre a toujours été "bloquons tout!". Le blocage contre la liberté: voilà la perception courante-spectaculaire de la situation actuelle. Nous devons l'assumer: oui à cette idée de la liberté, nous opposons le blocage. Blocage des flux, mais aussi blocage de l'histoire, l'histoire telle qu'elle devrait continuer à se dérouler et à se finir s'il ne trouvait personne pour s'attarder, réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré.

La fac n'a jamais été bloquée parce que la majorité de l'AG en décidait . Elle était bloquée parce qu'un certain nombre de gens étaient déterminés à le faire et avaient la force de le faire. Elle sera débloquée pour la même raison.

Certaines fac se font débloquer par les flics, d'autre se font débloquer par les votes. Celle de Rouen sera débloquée par ceux qui ont décidé de la bloquer. Là encore ce sera : où on veut quand on veut.

A tous ceux qui ont reconnus un peu d'eux même dans le peu qu'on a fait et le peu qu'on a dit nous disons: désertez, sortez du rang. Rejoignons-nous.

Nous, c'est les occupants de l'amphi Axelrad, mais c'est beaucoup plus que ça. Nous, c'est nous et nos frères. C'est tous ceux qui sont en révolte contre le monde moderne depuis son avènement. C'est les cheminots qui n'ont rien lâché. C'est tous ceux qui nous suivront, qui continueront à faire chier une fois qu'on sera partis.

C'est tous ceux qui ne veulent pas le pouvoir, mais qui veulent en finir avec tout pouvoir.

Nous sommes organisés, nous sommes mieux organisés que n'importe quelle organisation. Nous sommes organisés en vue du désordre. Nous sommes communistes, et ça ne veut pas dire qu'on aime l'URSS, ça veut dire le partage de tout et l'attention à tous. Ca veut dire aussi qu'on est en
guerre contre ce monde.

Ça veut dire qu'on déteste la démocratie, qu'on déteste la république, qu'on déteste
la france.

Aujourd'hui nous disparaissons, mais c'est pour mieux se réagréger ailleurs, partout ou il faudra.

A tout de suite

Texte issu des occupants de l'amphi Axelrad